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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 14:38

Au beau milieu de la terrible canicule de 2003, Daniel, juif berbère exilé à Paris, ne veut pas organiser les funérailles de son père à qui il en veut de l’avoir abandonné ainsi que sa mère afin de suivre en France sa maîtresse. D’entrée de jeu, ce roman a des accents de L’étranger, œuvre dans laquelle Camus commence par évoquer la mort de sa mère. A ceci près qu’ici il s’agit du père. D’ailleurs, l’ombre de Camus plane en permanence sur ce roman ; il est évoqué à plusieurs reprises et, avec lui, sa vision de l’Homme.  Dans « L’homme qui n’avait rien compris », Youssef Zirem développe un humanisme  qui repose à la fois  sur le constat de l’absurdité de la condition humaine et sur  un profond amour de l’autre dans ce qu’il a de fragile, de singulier et d’émouvant. A l’absurdité de la condition humaine dont avait pris conscience Camus, Youssef Zirem oppose la singularité attachante des individus, ceux qu’ils a connus ou qu’il côtoie encore dans le Paris d’aujourd’hui, ceux qu’il aime ou qu’il a aimés et qui lui donnent, pour reprendre une formule de  Camus, « cette joie étrange qui aide à vivre et à mourir ». Pourtant, la fragilité de la condition humaine est gage d’espoir : « Je sais désormais que rien n’est impossible dès lors que tout est fragile, tout est périssable », assure Youssef Zirem. Dans un style poétique et profondément touchant, ce roman est une tentative pour s’approprier le temps, le domestiquer et vivre avec lui : « J’ai envie que le temps devienne mon compagnon de route », déclare l’auteur. Et seule l’écriture peut lui permettre de réussir dans cette entreprise : «Ecrire, c’est essayer de retenir le temps », poursuit Youssef Zirem. « L’homme qui n’avait rien compris » est une fable humaniste, un récit profondément touchant, tragique et gai à la fois, qui conduit le personnage central vers une forme de résignation, source de sagesse. L’écriture est belle et l’histoire est prenante. Youssef Zirem a un sens aigu de l’image et son roman d’indéniables qualités littéraires. Son texte est fort, comme la pensée qu’il traduit. Au-delà de la portée philosophique du message, on croise dans ce roman une galerie de personnages attachants et tous aussi intéressants les uns que les autres. Par ailleurs, j’ai découvert avec beaucoup d’intérêt l’Histoire de l’Algérie, racontée selon un point de vue original, avec un éclairage qui permet de mieux comprendre certains évènements et de mieux appréhender ce qu’est devenu ce pays aujourd’hui. « L’homme qui n’avait rien compris » est un roman passionnant qu’on lit avec avidité, d’une traite, et qui laisse sur le lecteur une empreinte forte.

L’homme qui n’avait rien compris, de Youcef Zirem, Editions Michalon, mars 2013, 185 pages.

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