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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 16:18

Le pas de porte où Claire A exposait ses toiles était situé au rez-de-chaussée d’une maison de village qui donnait à l’arrière sur un paysage vallonné et paisible. Partout, aux murs et à même le sol, ses dernières créations étaient à la portée de tous ceux qui, un brin connaisseurs et financièrement à l’aise, pouvaient investir dans une peinture dont François était convaincu qu’elle finirait un jour par être l’une des plus belles cotes du marché et par se vendre dans le monde entier. Il avait déploré que cette jeune artiste surdouée en fût réduite à sacrifier partiellement à une peinture alimentaire, avec quelques toiles consenties au goût du grand public et qui tranchaient avec les œuvres qu’elles côtoyaient et où explosait son véritable talent. Le marasme du marché en avait décidé ainsi et les plus grands dans l’histoire de la peinture en avaient été réduits, à un moment ou à un autre, à ce type d’expédients. Il avait eu une pensée pour Jane qui aurait aimé le triptyque aux poires qui éclaboussait de sa splendeur l’entrée de l’atelier et qu’il avait acheté contre mille euros, en se promettant de lui en réserver la surprise dès que cette affaire serait terminée. Il goûtait avec un plaisir avide à cette escapade dans l’un des plus beaux endroits de la montagne provençale d’où l’on pouvait admirer à des dizaines de kilomètres à la ronde, et presque jusqu’aux rives de la Méditerranée, la beauté ondulante du massif des Maures. Il avait retrouvé un peu de sérénité, fait une pause dans un parcours agité dont il sentait la fin proche sans savoir si elle serait ou non l’issue dramatique qu’il redoutait.

 

Nature-morte-aux-coings--de-Claire-O--3--copie-1.jpg

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