Un meurtre survient dans une église de Séville. A Paris, un érudit décède dans des circonstances troubles. Un carnet contenant des notes précieuses disparaît. Ces événements qui laissent très vite apparaître entre eux des liens évidents constituent le point de départ d’une nouvelle aventure d’Ari Mackenzie. Après « Le rasoir d’Ockham » et « Les cathédrales du vide », notre ex-agent des renseignements intérieurs va se trouver entraîné dans une nouvelle enquête, complexe et dangereuse, sur la piste de l’un des plus mystérieux et des plus controversés personnages de l’histoire de l’alchimie et de l’ésotérisme : Fulcanelli. Depuis un siècle, des milliers de chercheurs ont tenté de percer le secret de son œuvre, sans jamais y parvenir. Ces morts qui surviennent à Paris et à Séville sont la preuve que des hommes sont prêts à tout pour parvenir à percer ce mystère. Y a-t-il derrière tout cela un enjeu réel et, si oui, lequel ? Assisté de ses traditionnels amis, Ari Mackenzie va s’employer à trouver une réponse à ces questions.
Au terme d’un impressionnant travail de documentation, Henri Loevenbruck se livre, avec ce nouvel opus, à un éblouissant numéro d’érudition. On retrouve, dans « Le mystère Fulcanelli » le brio qu’en son temps on a su reconnaître chez un Arturo Pérez-Reverte. « Le mystère Fulcanelli » n’a rien à envier au « Club Dumas ». Je dirai même qu’il le dépasse par la capacité de l’auteur à intégrer de façon harmonieuse les passages didactiques qui servent l’intrigue, l’éclairent et l’aident à progresser. On découvre, brillamment distillé, un pan insoupçonné de l’histoire de notre société qui met en scène des célébrités du monde des sciences, des arts et des lettres des XIXe et XXe siècles. Ce faisant, Henri Loevenbruck greffe sur une réalité historique des personnages imaginaires, les uns nouveaux, les autres récurrents, parmi lesquels on retrouve avec plaisir des familiers des précédentes aventures d’Ari Mackenzie : Krysztov, le garde du corps sur lequel on peut toujours compter, Iris, l’ancienne collègue des RG toujours prête à coopérer et surtout Lola, l’amour enfui d’Ari qui renvoie un peu à la Camille d’Adamsberg, le héros de Fred Vargas. Et la greffe prend, pour donner à l’ensemble tous les aspects de la vraisemblance. Le personnage d’Ari Mackenzie prend aussi de l’épaisseur.
A noter les pointes d’humour qui émaillent cette histoire, que ce soit dans les dialogues ou encore dans certains personnages comme le brigadier Jacquet qui fait, par certains côtés, penser au Bérurier de Frédéric Dard. Le style est toujours aussi enlevé, s’agissant de la narration, et les passages didactiques relèvent d’un travail d’orfèvre. L’intrigue est savamment construite, ménage habilement le suspense et débouche sur un dénouement totalement inattendu.
Au final, on peut dire que « Le mystère Fulcanelli » est une alchimie réussie entre une érudition parfaitement maîtrisée et un talent romanesque de premier ordre. Les inconditionnels ne seront pas déçus et les autres pourront découvrir avec plaisir un récit passionnant et un auteur qui vaut le détour.
Le mystère Fulcanelli, de Henri Loevenbruck, Ed. Flammarion, octobre 2013, 407 pages, 21 euros.