« La pyramide » est sans aucun doute la plus longue, la plus aboutie et la plus passionnante des cinq nouvelles contenues dans ce recueil. Trois affaires se juxtaposent sur lesquelles Wallander enquête. La première concerne un avion de tourisme qui s’est écrasé en pleine nuit dans la campagne suédoise et duquel on a retiré deux cadavres carbonisés. La seconde concerne le meurtre de deux vieilles et honorables mercières de Ystad qui ont péri, brûlées vives elles aussi, dans l’incendie de leur maison mais après avoir été tuées de deux balles dans la tête. La troisième affaire concerne un homme soupçonné d’être un trafiquant de drogue mais que la police ne parvient pas à confondre. Ces trois affaires sont-elles liées. Sont-elles les trois sommets d’un triangle qui ressemble à une pyramide. Pourquoi et comment ? Wallander en est convaincu et va s’employer à le démontrer. Notre commissaire enquête sur le même arrière-plan de difficultés familiales et de mal de vivre que dans les autres romans de la série. Sa femme dont il est divorcé l’obsède, sa fille qui a pris sa liberté génère en lui une tonne de questions et d’états d’âme et, enfin, son père, personnage fantasque avec lequel les rapports sont tendus, va, au cours de cet épisode, lui donner du fil à retordre. C’est un personnage profondément humain que Mankell sait faire évoluer dans l’ambiance si particulière de l’hiver suédois. Un homme en proie au doute et à une forme de désespoir mais qui ne faillit pas et finit par résoudre en une seule les trois affaires qui lui sont confiées. N’oublions pas non plus que le sous-titre de cet opus est « Wallander avant Wallander ». C’est pour cela que, cerise sur le gâteau et suprême raffinement, cette nouvelle s’achève sur la découverte de la scène de crime qui, en 1989, va donner naissance au premier opus de la série initiale des Wallander : « Meurtriers sans visage ». Du grand Mankell à ne surtout pas manquer…