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20 janvier 2016 3 20 /01 /janvier /2016 09:04
Un extrait du "Christ jaune"...
Un extrait du "Christ jaune"...

François Lemel, galeriste tropézien dont les affaires périclitent, s'est lancé à travers l'Europe et le monde à la recherche de toiles apparemment sans intérêt, pour le compte d'un riche et mystérieux commanditaire, attiré par les substantielles récompenses que celui-ci lui a promises. Son équipée est jalonnée de meurtres ritualisés qui évoquent le motif de toiles renommées, elles mêmes vandalisées. Il est entraîné dans une véritable descente aux enfers dont il n'a pas pris conscience qu'elle va le ramener vers un passé qu'il ignorait. Dans cet extrait, il est à Vienne, au musée du Belvédère où il est convaincu qu'une toile de Klimt, le baiser, va être la cible du psychopathe vandale. Dans le même temps, le tueur agit dans l'ombre.

~~Vienne, le 25 mars 2009, 20 heures 30

Le froid était revenu sur la capitale autrichienne. Magda savait que la soirée allait être difficile. Depuis cinq ans qu’elle tapinait dans ce quartier sordide qui bordait le Ring, elle en avait pris l’habitude. Blottie dans l’angle d’une porte d’immeuble, elle se tenait adossée au vantail, sa main serrant le col de son manteau, guettant d’un œil l’avenue afin de repérer un hypothétique client. Les passants étant rares, elle ne pouvait guère compter que sur les automobilistes qui circulaient à une dizaine de mètres d’elle. Faiblement éclairée par la lumière d’un réverbère, on pouvait apercevoir sa mince silhouette et les habitués qui passaient là ne pouvaient ignorer la raison de sa présence. Ce quartier était réputé pour cela. Dans cette capitale rigoriste, il n’était pas question pour elle de pratiquer son métier dans le centre-ville où la police exerçait une présence constante. La prostitution était reléguée en périphérie, là où elle devenait moins voyante et où les clients savaient pouvoir trouver facilement des filles qui s’égrenaient dans la pénombre le long de l’immense avenue. Par ce froid glacial, Magda ne s’attendait pas à voir venir à elle beaucoup de clients. Deux ou trois lui suffiraient amplement pour survivre quelques jours et peut-être mettre de côté une cinquantaine d’euros. Celui qui s’arrêta devant elle ne descendait pas d’un véhicule. Il était arrivé à pied sans qu’elle l’ait vu venir. Elle avait sursauté en l’apercevant. L’homme, d’âge mûr, avait de l’embonpoint et sa mise était celle d’un bourgeois. A l’évidence, ce client avait de l’argent et cela suffisait à Magda qui lui emboîta le pas. L’homme lui prit même le bras, ce qui surprit la jeune femme. Il s’exprimait dans un allemand presque parfait mais elle devina à son allure qu’il était français. -Nous allons devoir faire un peu de chemin en marchant, lui précisa-t-il. Mon hôtel est à quinze minutes d’ici. Je te commanderai un taxi pour repartir. La réception de l’hôtel était bondée. Des touristes encombraient le passage avec d’imposants bagages et accaparaient l’attention des employés. Magda préférait cela. Les deux réceptionnistes l’auraient facilement identifiée et, dans cet hôtel de standing, mieux valait passer inaperçue. L’homme avait passé son bras sur ses épaules pour traverser le hall. Comme un couple d’amoureux. Elle avait trouvé cela bizarre et elle en avait presque été émue. C’était agréable. Ils prirent l’escalier. La chambre de son client se situait au deuxième étage. La porte se referma sur eux offrant à Magda le spectacle d’une pièce luxueuse au charme un peu démodé. Il y faisait chaud. Une sensation de bien-être la gagna et elle laissa tomber sur le lit son manteau encore imprégné du froid humide ramené de l’extérieur. Elle n’eut pas le temps d’aller plus avant. Une lame s’enfonça dans son dos. Magda s’affaissa sur la moquette sans avoir eu vraiment le temps de réaliser ce qui lui arrivait.

Peut être commandé en librairie

ou sur

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=32733&motExact=0&motcle=&mode=AND

http://www.amazon.fr/christ-jaune-Jean-Michel-Lecocq/dp/2296132901/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1453441484&sr=1-1&keywords=le+christ+jaune

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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 15:56
Coup de coeur : L'insigne du boiteux, de Thierry Berlanda...

~~Un psychopathe qui se fait appeler Le Prince s’acharne avec sauvagerie sur des mères, en présence de leurs fils. Plusieurs meurtres de ce type ont été perpétrés, selon un mode opératoire identique. Sur l’une des scènes de crime, les enquêteurs ont retrouvé un objet qui ressemble à un insigne rituel. Devant le caractère particulier de ces massacres, le commandant Falier requiert l’aide du professeur Bareuil, spécialiste des crimes rituels, qui demande à son tour à s’adjoindre une jeune et brillante universitaire, Jeanne Lumet, qui fut son élève préférée. Aux côtés de ce trio, Thierry Berlanda nous entraîne dans une enquête mouvementée où l’action et le suspense se mêlent pour le plus grand bonheur du lecteur sur fond de révolution iranienne. Une langue bien maîtrisée, une intrigue savamment construite et des personnages attachants constituent la matière première de ce polar particulièrement réussi que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire et que je recommande.

L’insigne du boiteux, de Thierry Berlanda, Ed. La Bourdonnaye, novembre 2015 , 275 pages, 16 €.

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 19:20
Un court extrait de mon prochain polar " Les Bavardes"...

~~ La foule des curieux se masse sur la promenade Simon Lorière, à hauteur de l’embarcadère le long duquel on a tendu un bandeau jaune destiné à délimiter la scène de crime jalousement gardée par un cordon de policiers municipaux auxquels se sont adjoints deux motards de la gendarmerie. Les silhouettes des badauds s’étirent sur la pointe des pieds, les cous s’allongent, les têtes se penchent pour tenter de saisir ne serait-ce qu’une miette du spectacle qui anime le quai, juste devant le ponton réservé aux abonnés du club nautique local. On parle beaucoup, on tend le bras en l’air pour prendre des photos avec les portables, on se bouscule un peu pour avoir le meilleur angle de prise de vue. Mais, dans l’ensemble, on reste silencieux, comme pétrifié par le malheur qui vient de s’abattre sur une petite station balnéaire qui ne méritait pas ça. Ces choses-là, on les accepte dans les grandes villes, à Paris, à Marseille, en Corse à la rigueur, mais pas ici. La presse est elle aussi tenue à bonne distance par des policiers municipaux énergiques qui s’opposent à toute tentative pour s’approcher de la scène de crime. Sur le quai Léon Condroyer, vidé de ses badauds, stationnent deux camionnettes de gendarmerie, gyrophares en action. Les uniformes pullulent et s’agitent en tous sens. Tragos doit présenter sa carte tricolore pour franchir le premier barrage de la police municipale et il lui faut encore montrer patte blanche pour atteindre le groupe qui se tient campé devant une civière dont le contenu est masqué par une bâche de plastique noir.

- Commandant Tragos du SRPJ de Marseille, annonce-t-il à celui qu’il devine être le major Barret. - Heureux de vous voir, ment son interlocuteur qui, aussitôt, s’empresse de faire les présentations. - Monsieur Maljoie, procureur de la république de Draguignan. Monsieur Marceau, maire de Sainte-Maxime et le capitaine Fonsini, médecin des sapeurs-pompiers, annonce-t-il, en montrant successivement les trois hommes qui l’accompagnent.

Le procureur a une sale tête, celle d’un atrabilaire, le genre de type grincheux, capable de vous aboyer dessus à la moindre occasion. Le maire a l’air hébété comme s’il s’interrogeait sur les raisons de sa présence et sur le pourquoi d’un acte criminel d’une telle sauvagerie dans sa bonne ville qui respire d’ordinaire la tranquillité et la joie de vivre. Quant au médecin des sapeurs-pompiers, il est là comme par habitude dès qu’un accident ou un décès surviennent, comme une présence aussi rassurante qu’inutile vu l’état du corps qui gît sous son linceul de plastique. Pour obtenir des informations pertinentes, il faudra attendre l’identité judiciaire et son médecin. Une affaire de minutes, aux dires de Barret car l’équipe de l’identité judiciaire de la gendarmerie est partie de Nice depuis une petite heure.

- Ce n’est pas beau à voir, prévient Barret, en même temps qu’il soulève la bâche.

Le corps qui apparaît est celui d’un homme dont la tête a disparu. Une plaie nette, du travail propre, comme celui d’un professionnel équipé d’outils performants. Un boucher, un équarrisseur ou un chirurgien, les seuls capables de produire un travail aussi soigné.

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 09:23
Gros coup de coeur : Le loup peint, de Jacques Saussey...

~~La région d’Auxerre, un vétérinaire qui rentre chez lui au milieu de la nuit et qui subit une agression, son associé et son épouse qui se font massacrer, voilà le point de départ de ce polar de plus de 400 pages qui va aller jusqu’à son terme à cent à l’heure. Une histoire à haute tension sans temps morts. Une nouvelle fois, Jacques Saussey fait la démonstration de son indéniable et immense talent de conteur. Une intrigue finement ciselée, un suspense habilement entretenu et des personnages magistralement campés font de ce roman un modèle du genre. Cerise sur le gâteau, quelques clins d’œil bourrés d’humour à quelques-uns de ses confrères. Je suis resté accroché jusqu’aux dernières pages qui offrent un dénouement machiavélique sur fond d’actualité brûlante. Voilà un polar qui fera les délices de ceux qui aiment l’alliance de l’action et du suspense et, pour sacrifier à un anglicisme en vogue, un « page turner » à découvrir d’urgence.

Le loup peint, de Jacques Saussey, Le Toucan noir, janvier 2016, 426 pages, 20 €.

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 10:53
Le tombeau du Diable, de Eric Bony...

~~Une secte qui se consacre au culte satanique, un journaliste rationaliste qui travaille pour une revue spécialisée dans le paranormal, l’assassinat du propriétaire du légendaire médaillon de Mandrin et, pour couronner le tout, un imbroglio qui met le journaliste en position de suspect, voilà les éléments clefs de ce thriller dans lequel il n’y a pas de temps morts et où le suspense est savamment entretenu. Totalement dans la veine des thrillers ésotériques, voici un opus que ne renierait pas la bibliothèque Eleusis et que salue au passage un des maîtres du genre, Eric Giacometti. Même si je ne suis pas un aficionado du genre, j’ai pris un plaisir certain à lire ce roman qui met en scène un personnage sympathique appelé à devenir récurrent. Affaire à suivre donc et bravo à Eric Bony pour ce premier roman réussi.

Le tombeau du Diable, de Eric Bony, City éditions, août 2015, 446 pages, 19 € 50.

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27 décembre 2015 7 27 /12 /décembre /2015 19:40
Gros coup de coeur : Le pays oublié du temps, de Xavier-Marie Bonnot...

~~1936 : une expédition arrive en Nouvelle-Guinée et remonte le cours du fleuve Sepik. Elle découvre des tribus de coupeurs de têtes qui n’ont encore jamais rencontré l’homme blanc. Le docteur Fernand Delorbe et Robert Ballancourt dirigent cette expédition. Ils vont rapporter en France des trophées dont des crânes d’ancêtres qui deviendront des chefs-d’œuvre des arts premiers. Soixante-dix ans plus tard, le docteur Delorme est retrouvé assassiné, probablement tué par une flèche qui lui a perforé le crâne. Le commissaire Michel de Palma de la PJ de Marseille est chargé de l’enquête. Pendant 437 pages, Xavier-Marie Bonnot va guider le lecteur dans une découverte ahurissante et passionnante de la Papouasie, des arts premiers mais aussi de Marseille. En même temps que l’on explore des territoires inconnus et une culture étonnante brillamment dépeints par l’auteur, on est captivé par un suspense savamment entretenu et l’on s’attache avec plaisir aux pas de personnages hauts en couleurs. Un excellent polar que je ne peux que vous inciter à découvrir tant il m’a fait passer de très agréables heures de lecture.

Le pays oublié du temps, de Xavier Marie-Bonnot, Actes Sud, coll. Babel noir, janvier 2013, 437 pages, 9 € 50.

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 19:04

http://www.babelio.com/auteur/Jean-Michel-Lecocq/258649/critiques

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 17:18
Très gros coup de coeur : Cécile et le monsieur d'à côté, de Philippe Setbon...

~~Il y a des polars jubilatoires. Celui-là en fait partie. Tout commence par la rencontre entre Cécile, une jeune femme qui s’installe dans son nouvel appartement, et Servais Marcuse, son voisin de palier, un vieil homme obèse qui la prend en affection. Servais devient l’ange gardien de la jeune femme et, dès lors, les meurtres s’enchaînent selon une spirale infernale dans laquelle les protagonistes perdent très vite la maîtrise des évènements. On se laisse happer par cette histoire rocambolesque dans laquelle, curieusement, on prend vite parti pour ceux qui tuent au détriment des victimes tant ils forcent la sympathie. Bien écrit, dans un style nerveux qui favorise le rythme du récit, sans temps morts, ce petit opus ( 172 pages ) est néanmoins un grand polar, un petit bijou même, un des meilleurs que j’aie lu ces derniers temps et qui m’a fait passer un incomparable moment de lecture. A découvrir de toute urgence.

Cécile et le monsieur d’à côté, de Philippe Setbon, Editions du Caïman, octobre 2015, 172 pages, 12 €.

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 10:21
Coup de coeur : Le berger de Saint-Aybert, de Bruno Carpentier...

~~C’est un petit opus de 142 pages, un polar que j’ai découvert un peu par hasard et dont la maison d’édition a accepté de m’adresser un service de presse. Il s’agit d’Italiques, une maison d’édition résidant sur une péniche à Mantes-la-Jolie. Original, non ? Comme sa collection « Crimes de pays » dans laquelle a été publié cet opus intitulé « Le berger de St-Aybert » et qui héberge, comme le dit l’éditeur, « une collection d’histoires policières enracinées dans un terroir, une région ou une ville bien identifiables ». Celle dont je veux vous parler ici se déroule dans le Nord, au pays des mines et des corons. C’est l’histoire de crimes commis par un monstre pédophile sur des fillettes. Daniel de Saint-Mard, journaliste à la Voix du Nord, entreprend d’enquêter sur ce qu’il pense être l’œuvre d’un tueur en série. Bien écrit, ce polar aux accents cht’i, nous entraîne, parallèlement à une intrigue prenante, dans une découverte documentée et pittoresque de l’univers de cette région dans les années 70. On se laisse prendre par cette intrigue passionnante jusqu’au dénouement qui n’est pas commun. Un agréable moment de lecture. Pour les Ardennais, il est à noter que l’auteur a publié, chez un imprimeur de Charleville-Mézières, plusieurs ouvrages historiques sur les Ardennes.

Le berger de Saint-Aybert, de Bruno Carpentier, Editions Italiques, novembre 2015, 142 pages.

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12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 16:21
Gros coup de coeur : La couleur des âmes mortes, de Gilles Caillot...

~~C’est à une descente aux enfers que nous convie Gilles Caillot, celle d’un couple désespéré dont la fille a été martyrisée et assassinée par un détraqué sexuel. Un polar violent mais paradoxalement attachant par la qualité de la construction de l’intrigue et le suspense ainsi généré et entretenu de bout en bout. Un polar dur, sans concession du point de vue des personnages : les parents meurtris cherchant à venger la mort de leur fille pour espérer pouvoir faire leur deuil ; ensuite, les flics embarqués dans une enquête difficile, voire douloureuse, eux-mêmes empêtrés dans des difficultés personnelles et guettant une raison d’espérer ; les meurtriers, enfin, que les uns et les autres traquent et affrontent, chacun à sa façon, avec des fortunes diverses, des détraqués dont le psychisme complexe est mis à nu avec un réalisme saisissant. Un polar fort par la réflexion à laquelle il invite sur la complexité de l’âme humaine quand elle est confrontée au pire. Un polar dans lequel on se sent happé dès les premières lignes, un pavé de plus de 500 pages qu’on dévore pourtant avec avidité. Le titre résume parfaitement le ton et le contenu de cette histoire. Un thriller autant qu’un polar, un roman passionnant, que je vous recommande vivement. Un gros coup de cœur.

La couleur des âmes mortes, de Gilles Caillot, Edition du Caïman, septembre 2015, 532 pages, 15 €.

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